Aménagement des logements seniors : Les tapis et seuils sont-ils des obstacles à supprimer ?

Pourquoi tapis et seuils peuvent poser problème dans un logement senior

Plus on avance en âge, plus les risques de chute augmentent. En effet, près de 27 % des seniors de plus de 65 ans déclarent être tombés au moins une fois dans l’année (Source : Assurance Maladie). Parmi eux, environ deux tiers des chutes ont lieu à domicile, souvent à cause d’obstacles ou de surfaces mal adaptées.

Les tapis : une menace discrète

• Ils peuvent glisser sous les pieds, surtout s’ils ne sont pas équipés de systèmes antidérapants.
• Leurs bords peuvent se relever, constituant des risques de trébuchement.
• Certains tapis épaissis ou en matériaux denses compliquent l’utilisation des aides à la mobilité comme les déambulateurs ou les fauteuils roulants.

Bien qu’ils apportent du confort et une touche esthétique à nos intérieurs, ces potentiels dangers ne sont pas à sous-estimer.

Les seuils de porte : une entrave à la mobilité

Une petite marche entre deux pièces peut sembler anodine pour quelqu’un d’autonome, mais elle représente un obstacle sérieux pour les personnes ayant une mobilité réduite. Non seulement elle complique les déplacements en fauteuil roulant ou avec un déambulateur, mais elle augmente aussi le risque de chutes accidentelles.

Dans certains cas, ces seuils peuvent également freiner l’accès aux pièces lors d’une urgence médicale, rendant l’intervention des secours plus difficile.

Le débat : supprimer ou adapter ces éléments ?

Si supprimer tapis et seuils semble être la solution radicale et la plus sécurisante, elle ne convient pas nécessairement à toutes les situations. Voici un tour d’horizon des avantages et inconvénients de ces options.

1. Les arguments en faveur de la suppression

Supprimer tapis et seuils fait disparaître les risques physiques immédiats associés à ces éléments :

• Réduction directe des risques de trébuchement lors des déplacements.
• Facilité de mouvement pour les utilisateurs d’aides à la mobilité : fauteuils roulants, déambulateurs, etc.
• Simplification de l’entretien des sols, un avantage non négligeable pour les proches aidants ou les intervenants extérieurs.

Cependant, la suppression n’est pas une garantie universelle. Elle peut entraîner une perte de confort (sensation de froideur du sol sans tapis) ou une rupture esthétique dans le logement. De plus, le coût de modification des seuils de porte peut parfois être élevé, notamment s’il faut raboter ou remplacer les encadrements de portes.

2. Les alternatives possibles

Pour les seniors ou leurs proches qui hésitent à retirer complètement tapis et seuils, des solutions intermédiaires existent :

Options pour les tapis

1. Tapis antidérapants : Investir dans des modèles spécialement conçus avec une base en caoutchouc ou un sous-tapis antidérapant améliore l’adhérence au sol.
2. Réduction de la taille : Privilégier les petits tapis fixés dans des coins stratégiques, par exemple à l’entrée pour essuyer les pieds, réduit l’encombrement.
3. Fixations permanentes : Utiliser des adhésifs spéciaux pour coller les tapis au sol et éviter leur déplacement.

Options pour les seuils de porte

1. Rampe d’accès : Installer une mini-rampe pour lisser la transition entre deux pièces.
2. Abaissement des seuils : Raboter ou modifier les seuils existants, ce qui peut nécessiter l’intervention d’un professionnel mais garantit un aménagement durable.
3. Seuils plats ou encastrés : Certains fabricants proposent des seuils affleurants qui éliminent complètement le risque tout en respectant l’esthétique du logement.

Choisir en fonction des besoins et du niveau de mobilité

La réponse à la question "Faut-il supprimer tapis et seuils dans un logement senior ?" doit impérativement prendre en compte le profil de la personne concernée.

• Seniors autonomes : Ceux qui n’utilisent pas d’aides pour se déplacer peuvent conserver certains tapis, à condition qu’ils soient bien fixés.
• Seniors en perte d’équilibre : Pour cette catégorie, la suppression des tapis est souvent une nécessité, de même que l’adaptation des seuils ou leur suppression.
• Utilisateurs en fauteuil roulant : Dans ce cas, la suppression des seuils de porte est indispensable pour éviter les blocages et accidents.

Les besoins peuvent également évoluer dans le temps. Un logement qui convient à un senior de 70 ans relativement mobile peut nécessiter des adaptations supplémentaires quelques années plus tard.

Les aides financières pour adapter un logement senior

Adapter un logement implique parfois des dépenses qu’il est important d’anticiper. Heureusement, plusieurs dispositifs peuvent aider à financer ces aménagements :

• L’Agence nationale de l’habitat (Anah) : Dans le cadre de son programme "Habiter Facile", l’Anah propose des aides pouvant couvrir jusqu’à 50 % des travaux, sous certaines conditions de ressources.
• Les caisses de retraite : Certaines caisses proposent des subventions spécifiques pour financer des travaux liés à la prévention des chutes.
• Les crédits d’impôt : Jusqu’à 25 % des dépenses peuvent être déduites en cas de travaux favorisant l’accessibilité (sous conditions).
• Assurances et collectivités locales : Renseignez-vous auprès de votre assureur ou de votre mairie pour explorer les dispositifs spécifiques à votre région.

Au final, l’argent ne devrait pas être un frein pour aménager un logement sécurisé et confortable. Ces aides, combinées à une réflexion sur les priorités, permettent d’avancer sereinement.

Vers un logement sécurisant et confortable

Supprimer les tapis et seuils dans un logement senior n’est pas une solution universelle, mais une question de contexte et d’équilibre. Si ces éléments peuvent constituer des risques évidents, des alternatives ou des aménagements adaptés permettent souvent d’allier sécurité, confort et esthétisme.

En prenant le temps de bien évaluer les besoins et d’impliquer les seniors dans ces décisions, il est possible d’offrir un environnement qui favorise une autonomie durable tout en rassurant leurs proches. Finalement, adapter un logement, c’est aussi construire un espace de vie où l’on se sent chez soi, à tout âge.